Par Marco Normandin,

Après une saison horrible, le Canadien savait depuis longtemps qu'il n'avait aucune chance de participer aux séries éliminatoires parce que l'équipe n'était tout simplement pas assez bonne pour rivaliser avec les meilleures de la ligue. À titre de prix de consolation, on s'assurait d'obtenir un choix entre la 9e et la 12e position dans un repêchage particulièrement solide ainsi qu'environ 6% de chances de mettre la main sur le tout premier choix total et sélectionner le jeune attaquant vedette Alexis Lafrenière.

Mais la COVID-19 est arrivée, la fin de saison a été annulée et tout a changé.

Soudainement, suite au premier tirage de la loterie, le Canadien se retrouvait assuré de mettre la main sur le 9e choix total ou, encore mieux, se voyait remettre 1 chance sur 8 de remporter le 1er choix total et doublait ainsi ses chances initiales à 12.5% de mettre la main sur un attaquant franchise.

Bref, un véritable cadeau du ciel pour aider à accélérer le reset de la direction entammé il y a quelques années déjà.

Tout ce qu'il fallait, c'est que la logique soit respectée et que le Canadien s'écrase face aux Penguins.

Mais ce n'est pas ce qui est arrivé. Carey Price a été dominant et la défensive des Penguins a été poreuse, si bien que le Canadien se retrouve maintenant à une victoire de participer aux séries éliminatoires. Mais ce serait le pire scénario possible, voici pourquoi.

Premièrement, le Canadien est la même équipe qui jouait pour .500 durant la saison, qui a conservé un différentiel de buts négatif et qui s'est fait balayer par les Red Wings de Detroit, la pire équipe de la ligue. De croire que la troupe de Claude Julien a ce qu'il faut pour passer au travers les puissances de Tampa Bay, Washington, Boston et Vegas coup sur coup pour remporter la Coupe Stanley est du délire.

Deuxièmement, le Canadien n'a aucune profondeur. La clé numéro un pour remporter la Coupe Stanley est d'avoir énormément de profondeur puisque le niveau élevé de jeu signifie assurément plusieurs blessures à des éléments clé de l'alignement. Or, pendant que les meilleures équipes faisaient le plein de profondeur à la date limite des transactions, Marc Bergevin se débarrassait de quatre vétérans qui avaient une place dans l'alignement régulier de l'équipe (Ilya Kovalchuk, Nate Thompson, Nick Cousins et Marco Scandella). Même le vétéran défenseur Karl Alzner a refusé de faire le voyage dans la bulle pour participer aux séries. C'est donc dire que si un Tomas Tatar tombe au combat, il devra être remplacé par un Charles Hudon. Si c'est Shea Weber qui se blesse, c'est un Noah Juulsen qui fait son entrée dans l'alignement. Si Phillip Danault se blesse, qui pourra contenir les gros trios adverses? Bonne chance pour la suite!

Si on prend pour acquis qu'il est techniquement possible que le CH, classé au dernier rang des 24 équipes du tournoi, puisse compenser le manque de talent par l'effort et la combativité, il n'est toutefois pas protégé contre les blessures. Pour espérer avoir la moindre chance de battre quatre puissances de la LNH dans des séries 4-de-7, il faudrait que toute l'équipe demeure en santé jusqu'à la fin. Et encore là! Mais c'est tout simplement impossible. Après trois matchs seulement, Brendan Gallagher est déjà amoché. Ajoutez-lui un autre 30 matchs où l'intensité et les coups salauds ne feront qu'augmenter de ronde en ronde. Ouch!

Sachant qu'il est tout simplement impossible pour le CH d'espérer remporter la Coupe Stanley cette année alors que la direction a fait tout le contraire de se préparer pour les séries, la pire chose qui pourrait arriver serait de voir l'équipe surprendre les Penguins et devoir affronter la meilleure équipe de la conférence à chaque ronde jusqu'à la fin. Puisque le Canadien est classé 24e, il serait assuré d'affronter la meilleure équipe possible et concédera l'avantage de la glace à chaque ronde.

Concrètement, si le Canadien perd sa série face aux Penguins, il s'assure le 9e choix total, qui devrait rapporter un jeune joueur d'impact venant se greffer à une banque d'espoirs qui commence à prendre forme, ou mieux, possiblement un attaquant franchise qui fera la pluie et le beau temps à Montréal pour les 10 prochaines années. S'il remporte la série, il s'écrasera ensuite par manque de talent et d'effectifs puis perdra sa chance à la loterie et se retrouvera avec le 16e choix au repêchage.

La différence est énorme et dictera l'avenir de l'organisation.

Ce ne serait pas nécessairement catastrophique de voir le Canadien se rendre en séries. Il y a tout de même des points positifs, comme de la précieuse expérience pour les jeunes joueurs de l'équipe. Cependant, ce serait tout de même le pire des scénarios de voir ce cadeau du ciel unique qui améliorerait l'organisation immédiatement et pour la prochaine décennie s'envoler pour quelques matchs supplémentaires. Cette occasion ne se représentera plus jamais.

Personne ne s'attend à voir les joueurs du CH volontairement perdre. Ça ne fait pas partie de l'ADN d'un joueur de hockey professionnel. On peut par contre espérer que la logique soit respectée pour accepter notre prix de consolation suite à une saison de misère.

Marco Normandin est le créateur du Ultimate Pool Preview, une référence mondiale en guides de pools.

Il est également l'idiot derrière la page humoristique Définitivement, Pierre.