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Le commissaire de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec, Mario Cecchini, bien conscient des bouleversements actuels, a démontré sa volonté de moderniser la ligue et de l’ancrer dans une nouvelle réalité. Mais ses mots, prononcés dans une entrevue au Club du Matin de BPM Sports à propos de l’exode des joueurs de la LHJMQ, ont fait réagir fortement Arnaud Gascon-Nadon dans une autre émission diffusée plus tard sur les mêmes ondes.
Cecchini y affirmait notamment: «On aurait perdu McKenna de toute façon», en référence à l’attrait irrésistible de la NCAA pour les jeunes talents. Une déclaration lucide, mais qui a provoqué une sortie fracassante de Gascon-Nadon dans Le retour des sportifs: «Je vous le dis: La LHJMQ, c’est mort et enterré si ce gars-là continue dans cette pensée-là…» Une déclaration-choc, certes, mais qui soulève une question cruciale: la LHJMQ est-elle en train de perdre la guerre contre la NCAA?
Depuis l’arrivée du NIL (Name, Image and Likeness) dans la NCAA, les cartes ont été complètement rebrassées. Ce programme permet aux étudiants-athlètes de monnayer leur image, leur nom et leur identité visuelle à des fins commerciales. Autrement dit, ils peuvent désormais signer des contrats publicitaires, vendre des produits dérivés, être payés pour des apparitions… et ce, tout en poursuivant leurs études aux frais de l’institution bien évidemment.
Ce qui n’était qu’un frémissement il y a trois ans est devenu une véritable révolution. En 2024-2025, certaines universités américaines comme Oregon, Texas ou Ohio State disposent de «masses salariales» officieuses de 20 millions de dollars. Et ce n’est qu’un début. On parle déjà de 50 millions pour 2025-2026.
Gascon-Nadon compare la situation à l’émergence du Web dans les années 90. Rappelons que le Web, à ses débuts, était vu par plusieurs comme une mode passagère. Aujourd’hui, il est omniprésent. Le cas de Gavin McKenna, qui toucherait autour de 700 000 $ grâce au NIL, n’est pas une anomalie. C’est un signal. Une ouverture. Et selon lui, ce sera bientôt la norme.
Et il n’est même pas nécessaire de s’appeler McKenna pour en profiter. Des joueurs comme Michael Hage, déjà bien établis dans le circuit universitaire, tirent avantage du système NIL. Mais même des joueurs moins connus, sans nécessairement avoir le statut de vedette, commencent à toucher des sommes intéressantes tout en bénéficiant d’un encadrement académique de haut niveau. Études gratuites, installations de pointe, visibilité médiatique… la NCAA est devenue un véritable eldorado pour les jeunes hockeyeurs.
Alors, pourquoi un joueur de 17 ou 19 ans, promis à une carrière professionnelle, choisirait-il la LHJMQ, où les salaires sont inexistants et les perspectives financières limitées, plutôt que la NCAA, où il pourrait gagner des millions avant même de signer son premier contrat LNH?
Mais attention: l’âge d’entrée dans la NCAA est un facteur clef. Et Jean-Philippe Bertrand, animateur dans La Game, rappelle que toutes les équipes de la LHJMQ n’ont pas les moyens de rivaliser avec les géants américains. Il faut donc revoir notre approche.
Plutôt que de lutter contre l’inévitable, pourquoi ne pas s’adapter? Pourquoi ne pas positionner la LHJMQ comme un tremplin vers la NCAA? Offrir aux jeunes un environnement de vie stable, des études préuniversitaires de qualité, une proximité familiale… et une vitrine pour se faire remarquer par les recruteurs américains.
La LHJMQ ne pourra jamais offrir 3 millions à un joueur de 17 ans. Mais elle peut lui offrir une rampe de lancement. Un parcours de développement. Une alternative crédible aux Prep schools américaines.
Le monde du sport est désormais dirigé par les milliardaires. Et dans ce monde-là, il faut savoir vendre. Vendre l’idée que la LHJMQ est une étape logique, humaine et formatrice avant de faire le grand saut vers la NCAA… et peut-être, un jour, la LNH.
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