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Invité par Louis Jean à l’émission Les Amateurs de sports, Martin Brodeur a offert une analyse franche et fascinante sur l’état actuel des gardiens dans la LNH.
Selon la légende des Devils, les statistiques qui chutent depuis quelques saisons ne sont pas le fruit du hasard : elles reflètent un sport qui évolue rapidement… et qui devient de plus en plus difficile pour ceux qui défendent la cage.
Brodeur explique d’abord que le niveau d’habileté des attaquants n’a jamais été aussi élevé. Chaque année, la ligue accueille de jeunes joueurs débordant de créativité, capables de manipuler la rondelle dans des espaces restreints et de prolonger les séquences dans la zone adverse beaucoup plus longtemps qu’avant.
Cette capacité à conserver la possession pousse les défenseurs à reculer, multiplie les jeux dangereux et augmente de façon significative le nombre de chances de marquer de grande qualité. Dans un contexte pareil, il devient normal que les gardiens voient leurs statistiques glisser.
À cela s’ajoute les avantages numériques. Selon Brodeur, les unités spéciales sont devenues extrêmement menaçantes, à un point tel qu’il faut revoir la façon d’interpréter les performances des gardiens. Comparer les chiffres d’aujourd’hui à ceux des années 90 ou 2000 n’a plus vraiment de sens : le hockey a changé, les systèmes ont changé, et les gardiens doivent maintenant affronter un volume inédit de menaces « A+ ».
Louis Jean a ensuite abordé un autre enjeu majeur : la baisse de la quantité des entraînements. Avec un calendrier compressé, notamment en raison des Jeux olympiques, les équipes ont très peu de temps pour pratiquer. Les séances sur glace sont plus courtes, parfois annulées, et ce manque de répétitions entraîne un effet direct sur la performance des gardiens, une position qui repose énormément sur la constance technique et le rythme.
Brodeur acquiesce immédiatement. Il raconte que récemment, au New Jersey, l’équipe a disputé cinq matchs en onze jours… et n’a pratiqué qu’une seule fois. Le reste du temps, il n’y avait que de brefs morning skates. Dans un tel contexte, même les gardiens les plus talentueux peinent à maintenir leur synchronisation et leurs automatismes. Le rôle exige une précision chirurgicale, mais le calendrier actuel n’offre tout simplement plus l’espace nécessaire pour atteindre cette perfection.

À cela s’ajoute une autre réalité : la nécessité d’utiliser les deux gardiens beaucoup plus fréquemment. Avec un horaire aussi chargé, impossible de tout miser sur un seul numéro un. Les entraîneurs doivent constamment alterner entre leurs deux hommes, ce qui influence également la stabilité et le rythme que les gardiens possédaient autrefois.
Pour Brodeur, toutes ces variables mises ensemble expliquent pourquoi les statistiques des gardiens sont à leur plus bas niveau depuis près de trois décennies.
Ce n’est pas un manque de talent, loin de là. C’est plutôt la conséquence logique d’un sport qui a accéléré, qui demande plus que jamais de créativité aux attaquants, et qui offre de moins en moins de temps aux gardiens pour travailler leur art.
En somme, le métier a changé. Et même une légende comme Martin Brodeur l’admet : aujourd’hui, garder les buts dans la LNH est probablement plus difficile que jamais.
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