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Pierre Foglia est décédé cette semaine et, avec lui, une certaine idée du journalisme. Pas celui qui court après les clics ou les scoops, mais celui qui prend le temps de penser, de douter, de déranger. Foglia écrivait comme on respire, avec urgence, mais sans jamais forcer. Il était libre… et il donnait envie de l’être.
Les hommages pleuvent et ils ne sonnent pas creux. Réjean Tremblay, Guy A. Lepage, Stéphane Laporte, Patrick Lagacé et François Legault, tous saluent l’homme, le style et l’impact.
Mais parmi tous ces témoignages, il y en a un qui a retenu notre attention. Celui de Georges Laraque. L’ancien dur à cuire de la LNH a publié sur Facebook une photo d’un article de Foglia — datant d'une trentaine d'années. Un échange entre un ado de 18 ans et un géant de la plume. Un débat sur O.J. Simpson, sur les perceptions raciales, sur la justice et les statistiques.
Et Laraque, à 18 ans, écrivait ceci:
«Vous dites que 67% des Noirs croient O.J. innocent, uniquement parce qu’il est noir. Vous dites aussi que 70% des Blancs croient O.J. coupable… parce qu’il est coupable! Vous me suivez? Encore une statistique qui fait passer les Noirs pour une bande de nonos émotifs incapables de discernement.»
Bang. Le ton, la clarté, la lucidité. Foglia a été frappé… et franchement, nous aussi. Laraque est un gars brillant qui se bat pour des idéaux… et il n’a pas peur d’affronter les gens sur leur propre terrain pour prouver son point.
Et Foglia lui a répondu dans La Presse, avec respect, humour et cette phrase qui résonne encore: «Je ne sais pas si vous rehausserez le niveau du jeu. Mais celui du vestiaire, assurément.»
Laraque a atteint la LNH et continue à s’impliquer pour la faire évoluer, notamment à travers des conférences et des ateliers auprès des joueurs. L'ex-hockeyeur a tenu à rendre hommage à son ancien pugiliste de la plume sur ses réseaux, de façon noble et de bonne guerre: «Repose en paix Pierre, et nous débattrons au paradis un de ces jours.»
Foglia n’était pas parfait. Il n’en avait rien à foutre. Mais il savait écouter. Il savait répondre. Et il savait reconnaître la grandeur, même chez un jeune joueur de hockey noir de Montréal. Il aurait probablement trouvé ces hommages trop solennels. Il aurait préféré qu’on parle du bruit que fait une Zamboni un mardi matin d’août. Alors parlons-en. Le reste, il l’aurait griffonné dans la marge. Sans majuscules. Sans excuses.
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